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Invitations à la paresse

Invitation n°1 : « Flash Immob ! » // Durée minimale : 30 mn
L’art de la paresse n’a rien d’événementiel, il est au contraire un art ancré dans la lenteur répétitive du quotidien, il est une pratique furtive, dissimulée entre les injonctions sociales, professionnelles etc.
Il a la discrétion des saboteur.ses.
Toutefois, les paresseux.ses peuvent parfois avoir besoin de se faire remarquer, pour étendre la portée de leur paresse, dans une optique de contamination du plus grand nombre.
Cette invitation a donc une dimension collective et vous propose de paresser au grand jour, dans des lieux publics, au vu et au su de tous :

« Je peux le faire ! » Bien sûr, vous pouvez le faire. Mais vous pouvez aussi ne pas le faire.
Vous vous rendiez en ville, à un rendez-vous, avec des amis, des collègues ? Vous alliez faire des courses, rejoindre votre famille pour le déjeuner, garder le petit-neveu ? Vous aviez un train, un bus, un avion à prendre ? Un dossier à rendre, un colis à livrer ? Et si, en cours de route, et d’un commun accord avec les paresseux.ses de votre cohorte, vous arrêtiez tout de concert, à une heure convenue d’avance entre vous ?
Le Flash Immob, à l’opposé du flashmob, consiste à interrompre sa course, son déplacement, à s’immobiliser à l’endroit où l’on se trouve, quel qu’il soit, à l’heure dite, convenue d’avance entre tous les participants, et il consiste essentiellement à ne pas faire.
Attention, aucune invitation à la paresse ne peut s’interpréter en un travail d’endurance (que les véritables paresseux.ses assimilent à des pratiques tortionnaires) : l’immobilité n’a donc pas à être absolue ni rigide, il est même recommandé de vous asseoir, voire de vous allonger, vous pouvez croiser vos bras derrière la tête pour lui offrir un appui, vous pouvez retirer vos chaussures pour mettre vos orteils en éventails, vous pouvez observer la course des nuages dans le ciel ou les fissures éventuelles dans le bitume. Vous pouvez faire des clins d’oeil aux autres paresseux.ses avec lesquel.les vous partagez ce moment de paresse, s’ils sont dans votre champ de vision. La paresse grandit d’être partagée car plus on est de paresseux.ses, plus on rit et si tous les paresseux.ses du monde voulaient se donner la main !…
Vous pouvez respirer profondément et paresser de façon ostensible pour un Flash Immob pleinement et joyeusement vécu.

Invitation n°2 pour le « monde d’après » (sans les masques) :
« Bailler aux corneilles… »
Cette invitation vise autant à détendre vos zygomatiques et le reste de votre corps qu’à contaminer votre environnement par la paresse.
Au cours de la journée, au moment et à l’endroit de votre choix, lorsque où vous en ressentez sincèrement le besoin, vous pouvez bailler.
Je vous invite à vous concentrer pleinement sur cet acte de bailler, à étirez vos muscles faciaux, à déboiter votre machoire de façon ostentatoire et à ressentir pleinement la détente que cela vous procure. En baillant, vous pouvez inspirer et expirer profondément, et accompagner cette respiration d’une vibration sonore de vos cordes vocales. Vous pouvez aussi étirer le reste de votre corps simultanément, le dos, les bras, les cervicales. Je vous encourage à y mettre tout votre cœur et à ressentir pleinement le bien-être que ce baillement sincère vous procure.
Combien d’autres personnes avez-vous réussi à contaminer avec votre baillement ?
Voyez-vous ou entendez-vous d’autres personnes qui, comme vous, se mettent à bailler ? Comptez-les. L’adage dit qu’« un bon bailleur en fait bailler sept » : je vous invite à recommencer à bailler ainsi autant de fois qu’il le faudra, jusqu’à avoir entrainé sept autres personnes à bailler aussi après vous.